Une fois rentrés...


Plus d’un an après notre retour, nous intervenons au FRAT, rassemblement des jeunes des aumôneries d’Ile de France, sur le thème « Qu’as-tu à donner ? ». C’est l’occasion de faire une relecture de notre voyage et de discerner, en famille, sur ce qui a changé après toutes les rencontres que nous avons faites.

« Le temps passé ensemble, dans la joie et parfois dans l’inquiétude ou l’incertitude, nous a permis de mieux nous connaître à l’intérieur de la famille, de pouvoir parler plus facilement de ce qui va et de ce qui ne va pas. Nous avons un socle commun, des aventures communes, des amis communs : les bénévoles avec qui nous avons passé du temps et tous ceux qui nous ont accueillis avec beaucoup d’ouverture et de disponibilité. Et ces amis sont tout autant nos amis que ceux de nos filles.
Nos filles savent mieux ce qui est important pour nous : le temps, l’argent, l’énergie investis dans le tour du monde sont un signe de ce qui compte pour nous. Elles ont compris que lorsqu’on a un rêve, un souhait, en s’en donnant les moyens, on peut le réaliser, lui donner vie. Et que l’on trouve sur son chemin des personnes qui vous aident à le réaliser comme nos amis, notre famille qui est venue nous voir pendant le voyage, les associations qui nous ont permis de rendre visite à leurs volontaires…
Nos filles ont aussi découvert des talents qui leur ont été confiés, que ce soit le courage, la capacité à entrer en contact avec les autres, surtout lorsqu’ils sont faibles ou handicapés, la persévérance, le goût de servir. En connaissant leurs talents, elles peuvent d’autant mieux les utiliser. »

Donatella, à son tour, explique sur scène en quoi ses parents ont changé :
« Papa fait toujours le même métier ; il aide à replanter des arbres pour aider les villages. Maintenant, je comprends à quoi ça sert et avec qui il le fait car nous avons visité certains des projets.
Maman est devenue étudiante. C’est un peu bizarre à son âge mais c’est pour travailler dans une association comme celles que nous avons vues. Et puis, elle a été confirmée. C’est peut-être à cause des prêtres et religieuses avec qui nous avons passé du temps, de toutes les fois où nous sommes allés à la messe sans rien comprendre ou des fois où nous n’avons pas pu aller à la messe faute d’église.
 Sinon, Papa et Maman sont encore plus contre le gâchis et même la consommation tout court. Parfois, je trouve c’est un peu exagéré mais si on se compare avec la vie des enfants en Inde, à Madagascar ou au Laos, c’est normal. Et puis j’ai vu que dans certains pays, il y a des sacs plastique et des déchets partout ; que dans des champs, il n’y a plus rien qui pousse parce qu’il n’y a plus d’eau ; qu’il y a des enfants de mon âge qui ne vont à l’école que le matin ou que le soir ou même pas du tout. »

 Le FRAT est aussi l’occasion de partager, avec 10.000 adolescents, l’admiration que nous avons pour ceux et celles qui nous ont accueillis.

« Nous avons rencontré des gens, seuls, en couples, en communautés, comme volontaire, qui montrent que beaucoup de choses sont possibles dans la vie. Si  l’on veut apporter quelque chose au monde, si on se sent responsable des autres, on finit par y arriver, même si on n’avait ni la formation ni les moyens au départ.
Agir à grande échelle est possible. Il ne faut pas avoir peur de ses rêves mais au contraire ne jamais les abandonner ; la Providence, le hasard, la nature pourvoient au reste.
Nous avons vu aussi que la « gratuité est payante » ! Accepter de passer du temps avec les plus pauvres, de rencontrer l’autre dans sa différence est souvent le plus beau cadeau qu’on puisse lui faire et aussi se faire.
L’action est d’autant plus facile qu’il y a une rencontre préalable. Ce fût le cas pour nous. Nous avons mis du réel, du vécu et des visages en face des enjeux de développement, de climat, de la pauvreté, de condition des femmes… En face de chacun de ces problème, il y a aussi les visages de ceux qui essaient d’y remédier, avec souvent peu de moyens mais une espérance et une efficacité formidables. Dans de nombreux cas, l’espérance était appuyée sur la foi, comme un moteur caché sous le capot. »


Nous rendons grâce pour celles et ceux qui nous ont ouvert leur porte, qui ont pris le temps de nous présenter leurs projets, qui ont dressé la table pour nous, qui nous ont parlé avec leur cœur et leur intelligence. Ils nous ont montré comment l'Espérance est en marche dans ce monde.