En cours de route


Nous sommes déjà à la moitié de notre aventure. New York, Québec, Brésil, Chili et île de Pâques, Nouvelle-Zélande et Australie : autant d’endroits que nous rattachons maintenant à des odeurs, à des bruits, à des saveurs. A l’évocation d’un lieu  ou d’une date surgissent, comme un diablotin sorti de sa boîte, un visage, un prénom encore inconnu il y a quelques semaines, de nouveaux amis que nous avons eu du mal à quitter, des projets que nous avons admirés, de beaux moments passés à sept. Nous avons connu quelques peurs, une agression sans gravité, une tentative de vol, beaucoup de joies et des accueils qui ont fait briller nos yeux. Marthe a découvert l’hôpital australien pour une clavicule cassée. Nous sommes passés du bus de nuit à la pirogue, du tramway au téléphérique, du caddy de supermarché à l’ambulance, du métro à la marche ; avec de la fatigue mais sans aucune lassitude.

Nous avons soufflé des bougies d’anniversaire, souvent sans gâteau ni papier cadeau : onze ans pour Marie le jour de notre départ, au dessus de l’Atlantique ; huit ans pour Donatella au bord d’un lac canadien ; trois ans pour Marthe dans la chaleur amazonienne ; dix ans pour Ariane avec une visite au zoo de Sao Paulo. Les trois aînées ont passé plus d’un trimestre à étudier avec le CNED, quand les circonstances rendent les apprentissages scolaires possibles… Les petites mélangent allègrement des mots d’anglais, d’espagnol et de portugais. Les MADAM (Marie, Ariane, Donatella, Antonia et Marthe) sont incollables sur les baleines, les castors, les capybaras et les tamarins noirs qu’elles ne confondent pas avec les tamanoirs ; elles sont aussi à l’aise à manger de la farine de manioc avec les mains qu’à éplucher des goyaves ; elles peignent des moais pascuans ou des volcans andins ; elles dorment dans des hamacs, dans un siège d’avion, serrées à cinq sous une moustiquaire ou juste sous une tente pour se rappeler les camps scouts. Les fuseaux horaires n’ont plus de mystère pour elles. Elles ont visité des écoles dans tous les pays parcourus ; elles ont planté des arbres dans les deux hémisphères ; elles ont dévalé des pentes enneigées en short, glissé le long de dunes de sable et elles ont apprécié la douce fraîcheur d’un oasis en plein désert.

Les sacs se sont chargés de bâtons de bois, de morceaux de lave, de pots de miel, de graines et de feuilles dont nous avons oublié le nom ; une partie de nos souvenirs sont repartis en France avec Nicolas, rentré pour des séjours professionnels. Nous avons fêté la Toussaint au Points Cœur de Salvador de Bahia, nous avons assisté à la messe de Noël à Auckland et Maman est venue commencer la nouvelle année avec nous… au pays des kangourous. Nous avons franchi la barre des 10.000 photos et nous n’avons pas calculé le nombre de kilomètres parcourus. Nous avons réussi à faire avancer le temps en passant directement du 23 au 25 décembre. J’ai connu plus de difficulté avec le blog qui me vole une partie de mes nuits quand ordinateurs, électricité et connexions internet me permettent de travailler.

Rôdés, acclimatés, unis : nous avons bien évidemment changés au cours de ces derniers mois. Les tensions du début ont laissé place à une plus grande disponibilité, à une ouverture plus manifeste et à une confiance qui nous permet de profiter au mieux de la chance que nous avons. Des dizaines de personnes nous l’ont dit : « Vous avez beaucoup de chance ». Oui, nous le sentons chaque jour : chance de voyager bien sûr, chance d’être ensemble, en famille, chance de pouvoir prendre notre temps, chance d’être portés dans la prière et par la pensée par nos proches et nos amis.

Nous sommes impatients de découvrir l’Asie, en commençant par l’Inde qu’aucun d’entre nous ne connaît et d’aller à la rencontre de ceux que la Providence mettra sur notre chemin. Vive l’aventure.